Voici, en texte et en images, la restauration de quatre roues, effectuée ces temps derniers.
Le moulin de Courtozé à Azé
Situé sur le Boulon, affluent du Loir, non loin de Vendôme, de la roue du moulin il ne restait plus que l’armature métallique, les aubes ayant disparu depuis longtemps…
Stéphane Maufroy, aidé d’Alain Proust, restaurateur de roues, en a nettoyé le squelette métallique. Puis, sur chacune des quarante-huit aubes, il a boulonné quatre épaisses planches de chêne.
La roue tourne à nouveau depuis 2017. Nous avons eu la plaisir de la découvrir, après notre assemblée générale qui s’était déroulée à Naveil, au printemps 2017.
Le moulin de Moncé à Saint-Firmin-des-Prés
Situé sur le Loir, non loin de Vendôme également, la roue, ou plutôt sa carcasse métallique, était recouverte de calcaire. Alain Godillon l’a débarrassée de la vieille boulonnerie, soit 864 boulons restés en place, et décapée de tout ce calcaire.
La roue mesure 5,05 mètres de diamètre sur 1,95 mètre de largeur. Chaque aube, composée de six planches, mesure 1,95 m sur 1,08 m soit 2,10 m2. L’aube est fixée sur deux bras latéraux et un bras médian : six boulons pour chaque bras, ce qui fait donc : 48 x 3 x 6 = 864 boulons. Pour retirer les anciens boulons, il a fallu les meuler un par un…
Pour la Journée des Moulins, notre meunier avait décidé que sa roue neuve tournerait, mais handicapé par des douleurs au dos, il pensait qu’il n’y arriverait jamais. Donc, au lieu de six planches par aube, il n’en a d’abord installé que trois sur chacune. Effectivement, la roue n’entraînant plus de meules, elle tournerait presque aussi bien ! Ainsi, en réduisant le nombre de planches et de boulons, la roue était, quand même, prête à tourner pour la Journée des Moulins, en juin.
Pour la promenade d’automne, le 23 septembre 2018, cette fois, la roue était complète, les aubes avaient bien leurs six planches boulonnées sur les trois bras. Le meunier avait relevé le défi qu’il s’était imposé à lui-même.
Les travaux ne s’arrêteront pas là, il reste encore une dernière étape : dégrippage et nettoyage de l’ensemble de la transmission. Rouet de fosse, grande couronne, pignons coniques, etc. seront bientôt entraînés par la roue neuve, et le mouvement sera transmis aux meules et au treuil à l’étage.
Côté aval, la roue neuve est bien visible maintenant.
En avant de la roue, un petit bâtiment fermé contient une pompe. Au début du XXe siècle, cette pompe, animée par la roue du moulin, aspirait l’eau du Loir et la montait en haut du coteau pour alimenter le château ainsi que le domaine situés au-dessus.
Le moulin de Gastines à Montcellereux
Situé sur la Tronne près de Mer, ce petit moulin farinier a cessé son activité en 1967. Michel Bavoux l’a acquis peu après. La partie habitation réduite au maximum était insuffisante pour héberger une famille de quatre personnes, même en tant que résidence secondaire. La priorité n’était donc pas à la roue, alors encore en état de tourner.
Quelques années plus tard, le moulin d’Abas, tout à côté étant à vendre, Michel Bavoux l’achète. Transformé en grange, il était en très mauvais état : la toiture était à refaire d’urgence. Ce qui fut fait.
Ce n’est qu’en 2015, que tout étant fini, la réparation de la roue redevint d’actualité. Mais par quel bout commencer ? En 2016, leur fils Frédéric, maintenant entrepreneur et quadragénaire, décida de faire un « cadeau utile » à son père, Michel, pour son anniversaire : douze bras de bois coupés à la bonne dimension et des arcs métalliques déjà usinés et percés, prêts à constituer les deux fois deux cintres de la roue.
La roue est alimentée par deux rivières qui arrivent à une altitude différente. La Tronne, au fort débit est au niveau supérieur, la Noue Gravelle, au débit plus faible arrive plus bas, perpendiculairement à la Tronne. Régulée par une vanne différente, la Noue Gravelle arrive par l’orifice carré, en bas à droite, devenu à nouveau invisible la roue remise en place. Afin de tenir compte de cette particularité, les aubes de la roue étaient divisées en deux augets différents. La nouvelle roue n’ayant plus ni meule ni broyeur à entraîner, moins de force étant nécessaire, elle a été refaite avec des aubes simples.
Le moulin de l’Ardilleux à Mur de Sologne
Alain Després restaure une ferme à l’Ardilleux, il sait que sur sa propriété il y avait également un moulin… aujourd’hui disparu. Ayant retrouvé des plans de 1293 et 1297, il a appris que ce moulin, tout petit sans doute, était alimenté par un bras de la Croisne, ruisseau également disparu, sans doute comblé au fil du temps. Il n’a pas obtenu l’autorisation de le recreuser…
Qu’à cela ne tienne, charpentier de son état, et ayant invité les membres de l’association lors de l’assemblée générale à Mur de Sologne, il a construit une roue, en quelques jours. Roue « par dessus » à augets, en bois, elle tourne grâce à l’eau amenée par un tuyau d’arrosage.
Son projet : la pluie, tombant sur les toitures de la ferme et recueillie, va emplir une citerne, qui, placée en surplomb de la roue, alimentera et fera tourner cette dernière.
Si notre association compte plusieurs moulins qui n’ont plus de roue, il y a maintenant une roue sans moulin !