NON, la morphologie des rivières n’est pas le paramètre le plus déclassant pour le bon état de l’eau
Ce postulat de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et des autres agences repris dans tous les SAGE, expliqué par DDT, ONEMA, Organismes de bassin, et par tous les bureaux d’études travaillant pour eux, dans le but de culpabiliser les propriétaires de seuils et barrages, et d’expliquer pourquoi il serait plus efficace de détruire un ouvrage que de l’aménager, ce postulat est faux.
Le schéma joint est un document officiel qui figure à la page 13 d’un Guide technique nommé « Évaluation de l’état des eaux de surface de métropole », édité par le Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du Territoire en mars 2009. (Télécharger la page 13 du document)
Ce guide donnait les règles permettant d’établir la cartographie de l’état biologique et chimique des rivières, afin de préparer le SDAGE 2009 (celui qui est en cours actuellement).
On voit clairement, en suivant la logique du schéma (reproduit ci-dessous), que le poids de la qualité biologique, puis de la qualité physico-chimique est plus important que le poids des conditions morphologiques pour définir la bonne qualité de l’eau d’un cours d’eau :
– si les 3 critères sont en très bon état, la rivière est en « très bon état »
– si les 2 premiers critères sont en très bon état, mais que la morphologie ne l’est pas, la rivière est quand même classée vert, en « bon état ». (L’influence de la morphologie est donc faible !)
– dans tous les autres cas de figure, la morphologie n’est plus prise en compte, donc si un classement final est moyen ou médiocre, c’est que les valeurs de qualité biologique et/ou physico-chimique doivent être bien en dessous des valeurs de référence, et la morphologie n’y change rien.
C’est avec cette méthode où la morphologie compte très peu, que la cartographie jointe au dossier SDAGE a été mise à jour, et que l’administration a donc pu affirmer qu’un fort pourcentage des eaux n’étant pas en bon état, il fallait s’occuper de la morphologie en priorité pour obtenir des progrès rapides ! Ici se situe l’escroquerie intellectuelle : comment peut-on affirmer que la morphologie est le facteur le plus déclassant, alors que c’est le critère qui a le moins d’influence dans le système mis en place pour classer la qualité de l’eau des rivières ?
Les instances européennes ne s’y sont pas trompées : elles ont mis la France à l’amende pour insuffisance de volonté dans la mise en œuvre du plan nitrates, (donc influence physico-chimique), mais pas pour taux d’étagement excessif (qui est l’indicateur d’un fort nombre d’ouvrages !).
Il faut sans doute s’occuper de corriger la morphologie, par exemple en supprimant des rivières les ouvrages en ruines et abandonnés, mais sans urgence ni excès, car ce n’est pas le paramètre le plus déclassant, ni le plus influent pour améliorer la qualité de l’eau.
J.P. Rabier
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