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Une page pour l’un de nous…

Notre ami adhérent et conseiller technique Alain Proust remplit seul la page 10 de la Nouvelle République du 29 janvier 2012.
Il faut dire que la roue  du moulin de Mazirot, près de Nancy, est la plus grande de cette taille à être reconstruite.

Voici une reproduction de l’article (Lien vers l’article NR)

La Nouvelle République
Rencontre

Le seul mécanicien de moulin de France
29/01/2012 05:38

A Chitenay, Alain Proust reconstitue une roue de moulin du XIX e siècle. Il est le seul en France à exercer depuis 10 ans ce métier de mécanicien de moulin.

Le seul mécanicien de moulin de France
L'axe pèse deux tonnes pour 200 millimètres de diamètre, quatre mètres de long. Il se travaille au dixième de millimètre.
C’est une pièce exceptionnelle, toute en acier, quatre mètres de long, deux tonnes. Sur ses tréteaux, elle trône au centre de l’atelier d’Alain Proust. L’axe d’une roue de moulin, la plus grande entièrement reconstruite à ce jour, rejoindra bientôt le village de Mazirot, à côté de Nancy. Elle arrivera en pièces détachées, pour être montée sur place par le mécanicien de moulin. On en parle au singulier, il est seul en France à exercer cette profession inscrite depuis décembre dernier sur la liste des métiers d’art rares.

 

La plus fiable de ce qui se faisait à l’époque

Un cursus peu banal que celui de cet ancien inspecteur de l’Éducation nationale devenu artisan d’un métier oublié. « Ce poste dans l’administration était une fonction, pas un métier ! J’ai toujours aimé le bois et le métal, concevoir, fabriquer. À 25 ans, j’avais déjà un atelier disposant de toutes les machines nécessaires. » Le mécanicien de moulin n’est pas un charpentier, il se situe entre le menuisier et l’ébéniste. Les pièces qu’il façonne, monumentales, exigent un ajustement au dixième de millimètre. Le moindre jeu dans cet ensemble en mouvement soumis à de multiples forces, conduit rapidement à la casse. Cette fois, le challenge est de taille. Le propriétaire du site de Mazirot, patron de la société Baumaux, souhaite reconstituer le moulin de sa propriété, où depuis longtemps, tous les mécanismes ont disparu. L’environnement est exceptionnel et la roue d’acier alimentée par une grosse rivière, deux fois le débit du Loir, sera capable de fournir l’énergie nécessaire pour une petite production d’électricité. « Cette roue de moulin, unique de par sa taille, est aussi la plus fiable et la plus performante de ce qui se faisait à la fin du XIXe siècle. On ne fabrique plus d’axe de cette taille en France. Les seules adresses sont en Suisse et en Allemagne, mais il fallait en acheter un lot ! » Alain Proust contourne l’obstacle et contacte un fournisseur en aciers spéciaux en cheville avec un fournisseur italien, lui-même susceptible de commander la pièce en Allemagne : six mois de tractation ! Entièrement métallique, « conçue pour produire », une roue de cette taille n’a jamais été refaite depuis le début du XXe siècle. Alain Proust se plonge dans les écrits des hydrauliciens de l’époque. « Les meilleurs ingénieurs, une dizaine, travaillaient sur les roues de moulin. On les retrouve plus tard sur les locomotives. » Si le temps permet aux engins de levage d’approcher la rivière encore en crue cette semaine, l’axe et ses éléments reconstitués, les bras, les cintres et les coyaux (pièces supportant les aubes de bois) seront montés dans les semaines à venir. Un moulin reprendra vie.

Henri Lemaire

… Des chantiers dans tout le pays.

Des chantiers dans tout le pays
Alain Proust travaille aussi bien le bois que le métal, « deux matières radicalement différentes ».
Alain Proust travaille aussi bien le bois que le métal, « deux matières radicalement différentes ».

Le tout premier chantier entrepris par Alain Proust fut celui du moulin d’Ouchamps, chez Marie-Claire Picton, en 2003. Le moulin de Fossé suivait, une rare et très belle roue du XVIIIe siècle reprise comme elle était à l’origine, avec un montage à clés. Le balancier hydraulique de Châteauvieux a fait l’objet d’une restauration totale par Alain Proust. Ce balancier d’une conception unique en France, il n’y a pas deux modèles de ce type, fonctionne, mais exige une grande minutie dans l’amorce de son mécanisme. À Chemilly-sur-Serein, dans l’Yonne, le mécanicien de moulin a remis en état un moulin pour une production d’électricité. Le propriétaire souhaitait obtenir une plus grande autonomie de son habitat tout en préservant l’environnement. En Alsace, à Lorentzen en vallée de l’Eichel, Alain Proust restaure un grand ensemble à deux roues classé monument historique sur des vestiges de reprises réalisées depuis le XVIe et le XIXe siècles. Déplacement dans l’arrière-pays Niçois pour la reprise d’une grande roue, en fonctionnement, située à l’intérieur d’une somptueuse villa. Retour dans le Centre, à Lignac dans l’Indre, pour la réfection totale d’une roue en bois avec arrivée d’eau au dessus, pour la production d’électricité. Le moulin de Mazirot remonté, Alain Proust est attendu en Bretagne, du côté de Morlaix, pour réparer une grande roue. La production d’électricité est rarement l’élément déterminant d’une restauration. La plupart des gens qui contactent Alain Proust sont attachés à leur environnement et à l’architecture. Un moulin de taille moyenne produit environ 1 kW/h. Celui de Mazirot, exceptionnel de par sa taille en produira 12, pouvant ainsi assurer la consommation d’une grande maison, y compris le chauffage.

 

 

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