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Les VMF au Moulin de Moncé

À Saint-Firmin-des-Prés, dimanche 14 mai 2017 à 10 h du matin, Alain Godillon accueillit une soixantaine de personnes des Vieilles Maisons Françaises venues visiter le Moulin de Moncé. Le temps était incertain, mais le pot d’accueil préparé par Alain n’a pas pris une goutte de pluie. Joëlle de Redon, responsable de la délégation VMF de Loir-et-Cher, a présenté meunier et moulin. Puis Pascale Desurmont, responsable de la Fondation du Patrimoine, a montré le carnet de timbres édité pour les 20 ans de la Fondation, où le Moulin de Moncé représente le Loir-et-Cher. Ensuite, Alain Godillon, après avoir remercié la Fondation du Patrimoine et les visiteurs, a expliqué les divers travaux de restauration engagés dès l’achat du moulin en 1999.

Après avoir réhabilité, avec son épouse Monique, le corps de ferme qui devient leur habitation, seul, il attaque le nettoyage du moulin lui-même. Il redresse en partie les planchers effondrés, les refait entièrement. Il redresse l’ensemble des deux paires de meules pour qu’elles puissent tourner librement. Il reconstruit toute la passerelle qui surplombe les vannages sur le Loir et refait les vannes.
En 2006, il découvre grâce à Pierre Laurand, trésorier de l’ASME, la Fondation du Patrimoine à qui il fait appel. Il obtient une subvention pour un premier gros chantier : la réfection des toitures du moulin ainsi que les bardages en peuplier (planches horizontales biseautées sur le pignon sud-est côté Loir, clouées sur colombage avec clous forgés, planches verticales avec couvre-joints sur le pignon nord-ouest). Voulant respecter l’authenticité de sa restauration, après maintes recherches, c’est en Turquie qu’il fait forger quelques 600 clous ! Pour leur qualité d’exécution, ces travaux reçoivent le Label de la Fondation du Patrimoine en 2008.
En février 2010, la tempête Xynthia déracine douze arbres, dont trois grands cyprès chauves de plus de 26 mètres de haut et un peuplier d’Italie de 37 mètres, qui tombent par bonheur dans l’île. Un seul tombe dans le Loir et le barre aux deux tiers de sa longueur. Alain doit les débiter les uns après les autres…

En 2015, à nouveau avec l’aide de la Fondation du Patrimoine, une seconde session de travaux est engagée : les enduits des murs extérieurs du moulin et la toiture compliquée en ardoise, avec ses trois noues, de la halle qui abrite la roue. Une nouvelle fois, Alain et Monique Godillon reçoivent le Label de la Fondation du Patrimoine… et le moulin de Moncé est à l’honneur dans le carnet de timbres édité par la Fondation du Patrimoine à l’occasion de ses 20 ans, fêtés en 2016.

Les visiteurs étant nombreux, un premier groupe admire les extérieurs et en profite pour photographier le moulin depuis l’autre rive du Loir. Ce même groupe est invité à découvrir les extérieurs, les diverses essences d’arbres, à se promener sur l’île, entre Loir et bief, déversoir, canal de décharge et canal de fuite. Après quelques explications sur l’hydrologie : l’importante hauteur de chute fait de ce moulin sur bief un moulin  puissant. Le second groupe entre dans le moulin où Alain Godillon explique le fonctionnement des engrenages : rouet de fosse, lanterne, hérisson, etc., le processus de mouture du grain, avec les réglages très astucieux des augets, sans oublier la clochette d’alerte pour le meunier. Également le rhabillage des meules, effectué tous les mois, l’extraction de la meulière dans les carrières d’Épernon, creusées par les terrassiers pour arriver au niveau de la pierre exploitée par les carriers. Malheureusement, une pluie dense oblige les visiteurs des jardins à se replier à l’intérieur… et la seconde visite commence.

Alain Godillon, passionné de meunerie, ouvre régulièrement son moulin à la visite, notamment aux enfants des écoles, ravis d’écraser des grains et de tamiser la mouture pour en obtenir farine et son. Il raconte avec émotion :  » Un jour, une dame très âgée, toute confuse, attend que tout le monde soit sorti. Elle me raconte que toute petite elle accompagnait son papa qui venait ici faire moudre son grain, et elle confesse même qu’avec ses doigts elle dessinait. Je l’invite à avancer de quelques pas et lui montre un petit dessin à hauteur d’enfant sur un mur de la meunerie face aux meules, -petit graffiti (fait à la sanguine, mélange d’huile et d’ocre qui servait à enduire la règle pour vérifier la planéité des meules) représentant un oiseau malhabile, une poule peut-être?- Et, la main sur la bouche : « Je vous demande pardon, Monsieur, oui, c’est moi qui ait fait ça. Je m’en souviens très bien, comme si c’était hier! »


Avant de finir, un peu d’histoire… Dans les archives, une pêcherie est indiquée au milieu du XIVe siècle à Saint-Firmin, plusieurs moulins sont signalés sur le Loir au XVIIe siècle, entre Saint-Firmin et Meslay. Ils appartiennent à l’Abbaye de la Trinité de Vendôme. Dans l’enquête de 1809, le moulin de Moncé possède une roue et produit 70 décalitres de blé. Après avoir été la propriété d’un fabricant de papiers de Coulommiers-en-Brie, puis acheté en 1831 par la famille de Loynes d’Autroche, le moulin de Moncé est reconstruit en 1844. Un règlement d’eau est établi entre 1852 et 1854. En 1857, le moulin est vendu à Guy Joseph Gaston de Lavau. Cette famille possède déjà le château et le moulin de Meslay où depuis le XVIIIe siècle (1736) elle fabrique des siamoises, toile mi-soie mi-coton. Le moulin faisait partie intégrante d’un ensemble comportant, outre le château de Moncé, le parc et la chapelle Saint-Michel, les écluses, les bâtiments d’habitation du meunier, une grange, un toit à porcs, un terrain en coteau creusé de deux caves dans le roc, le jardin, une parcelle de terre, l’îlot sur le Loir et un pré.

À Moncé, il y a encore le troisième et dernier chantier du second label : le remplacement des 48 aubes, toutes disparues, sur la grande roue Sagebien (1848/58). Une partie du bois, en azobé, bois africain très dense et très lourd, attend d’être travaillée dans le moulin. Ce seront quelques 3,80 mètres-cube de bois de chêne complémentaires, débités en planches de 37 millimètres d’épaisseur. Mais avant de les installer, il faut qu’Alain Godillon scie et tronçonne 864 boulons, toujours en place sur l’armature métallique de la roue. Un gigantesque chantier en perspective !


 

 

 

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