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Congrès de la FFAM 2010

Le congrès national de la FFAM s’est tenu les 30 avril, 1er et 2 mai 2010, dans la cité de Barbaste dans le Lot et Garonne, où sous la présidence d’Annie Bouchard environ 170 congressistes se sont retrouvés au Relais du moulin neuf, immense centre de vacances composé de chalets individuels. Des installations communes pour les repas, des salles pour ateliers de travail, tenue de l’assemblée générale, vente d’ouvrages de molinologie… mais aussi de produits régionaux, étaient bien sûr mis à notre disposition.
Comme le soulignait Pierre Borios président de l’ADAM Lot-et-Garonne (propriétaire d’un moulin à eau familial déjà traversé par 14 générations !), la densité des moulins dans le Lot-et-Garonne est, encore aujourd’hui, malgré une importante « mortalité », supérieure à celle de la Hollande. De 1000 moulins au 19ème siècle, puis 500 au milieu du siècle dernier (1/3 à vent, 2/3 à eau), une centaine restent parfaitement aménagés aujourd’hui : résidences principales, secondaires, hôtels/restaurants, maisons d’hôtes, scieries, minoteries (encore 6 en activité), production d’électricité revendue à EDF (12) ou à usage domestique (10).
L’ASME était convenablement représentée, puisque André et Françoise Lacour  avaient fait le déplacement, ainsi que Katia et Patrice Leroux (moulin de Varenne à Cellettes), et Annie et Jean Pierre Rabier  (moulin de Montcellereux à Mer). Liliane Bonvallet (La Ferté-Villeneuil) était aussi du voyage, mais au titre de l’Aram Beauce.
Les valises à peine posées, la première visite pouvait commencer : le moulin de Lausseignan, premier de la liste n’était qu’à quelques minutes à pied de notre hôtel. On a peine à croire, quand arrivant côté aval on découvre le ruisseau de Larébusson, que ce joli petit bâtiment abrite une turbine Francis installée en 1927. Ensuite, le côté amont laisse voir une retenue d’eau importante et une chute de 2,50 m.
Nous reviendrons, avec les photos, sur les caractéristiques techniques des diverses installations visitées le lendemain.
Le programme à la carte prévoyait deux circuits de visite. L’un, patrimonial, proposait la visite de moulins à eau et à vent caractéristiques. L’autre était plus axé sur les moulins producteurs d’hydroélectricité. C’est celui que j’ai parcouru, et que je vous relaterai avec les photos qui suivent.
– Moulin de Lausseignan : ancien moulin à farine, pourvu de deux paires de meules entraînées par deux rouets situés sous voûtes. Il devient usine de broyage de liège à la fin du 19ème. Les rouets sont remplacés par une roue à aubes, qui sera remplacée par une turbine Francis à axe horizontal en 1927. L’actuel propriétaire, Michel Pierre, le rachète en 1986. Le bief est envasé, la vanne de décharge inutilisable, la turbine bloquée, les bâtiments à l’abandon au milieu d’un hectare de ronces ! Les dix premières années sont consacrées au nettoyage, curage, restauration de la vanne, du patrimoine bâti, aménagement de l’habitation. Après une dizaine d’années, Michel Pierre entreprend la restauration de la turbine. Elle avait été surdimensionnée, car conçue pour une chute et pour un débit supérieur à ce qui est maintenant constaté, et pour une puissance utile de 9cv (au lieu de 5). Un capteur de niveau mis au point par le propriétaire (ancien ingénieur en électronique) permet le déclenchement automatique d’éclusées lorsque l’étang de retenue est plein.
La turbine est accouplée au générateur par poulie et courroie. Ce générateur est un moteur asynchrone de 5 CV tournant à 1500 t/mn, couplé au réseau.
Sur 10 ans, la production mesurée est de 60 000 KW/h, soit une moyenne comprise entre 5000 et 7000 par an. Cela ne compense qu’une partie de la consommation domestique, mais c’est un bon exemple de pico-électricité, que le propriétaire – parce qu’il a beaucoup réalisé lui-même – juge maintenant amorti.
– Moulin de Leyrac sur le Gers : ancien moulin à farine pourvu de deux  paires de meules encore visibles, mues par des rouets au fond de cuves. Totalement transformé en usine hydroélectrique, avec une puissance installée de 300 KW/h. (2 turbines Francis et 2 génératrices de 150 KW/h avec multiplicateurs).
Production annuelle moyenne de 750 000 KW/h. Les turbines tournent à vitesse constante de 97 t/mn, et pour fournir du 380 V, les génératrices doivent tourner à 770 t/mn. Le courant est élevé à 20 000 V pour être envoyé sur le réseau EDF.
La hauteur de chute est de 3,50 m, et le débit moyen du Gers est de 8 m3/s …. Mais très irrégulier. En cas de fonte des neiges sur le plateau de Lannemezan, il peut monter à 200m3/s, (il y a d’ailleurs un repère de crue sur la façade, au siècle dernier, au-dessus du 1er étage !), mais ne livre que 2 m3/s l’été en période d’étiage ! Pour cette raison, une troisième turbine Francis, plus petite, est en cours d’installation : elle délivrera 65 KW/h  en avalant les 2 m3/s de l’étiage, et le moulin restera producteur pendant l’été.
– Moulin d’Autiège près de Condom, sur la Baïse
La Baïse est la plus importante des rivières qui sillonne le département du Gers. C’est aussi la seule navigable. Elle se jette dans la Garonne et permettait donc aux produits locaux d’atteindre le port de Bordeaux.
On trouve dans les archives, la trace du moulin d’Autièges dès le 13ème siècle. Après incendie et pillage au 16ème, il est reconstruit dans le style Renaissance. (Pourquoi un simple bâtiment « industriel » a-t-il été aussi richement décoré ? A-t-il été relais de chasse d’un seigneur local avant de redevenir moulin ?). Il y a traces de 3 paires de meules, dont une demeure et a fonctionné jusqu’en 1956.
L’actuel propriétaire l’a acquis en 1980. Ingénieur ayant travaillé à l’équipement de barrages en Afrique, il a aussitôt consolidé le barrage et fait le projet d’installer une micro-centrale.
La turbine est une Kaplan, à axe incliné, d’une puissance installée de 85KW/h. La génératrice située au-dessus sur un axe parallèle est entraînée par courroie. La production annuelle est d’environ 220 000 KW/h.
– 2 moulins à Condom également sur la Baïse (non visités… mais ils jouxtaient notre restaurant au bord de la rivière). L’un des deux (voir le transformateur) produisit de l’électricité. Il est maintenant désaffecté.
– Moulin des Tours à Nérac-Barbaste où les deux circuits convergeaient, pour un apéritif offert par la communauté de Val d’Albret, dont l’ancienne maison du meunier (à droite) est le siège. Il est situé sur la Gélise, affluent de la Baïse. Son histoire est riche, Henri IV le fréquenta, mais il fut plus longtemps forteresse que moulin. Le meunier exploitant, vers 1850, inventa un procédé à l’aide de machines à vapeur pour assécher complètement les farines, conditionnées ensuite dans des petits barils appelés « minots » (rapport avec minoterie ?). Ce séchage leur permettait de mieux résister au transport vers Bordeaux (via la Baïse et la Garonne) puis vers les colonies des Antilles. Le système n’a pas perduré… mais il a permis d’enrichir rapidement et considérablement son meunier qui en quelques années se fit construire un hôtel particulier plus grand que le moulin ! (à droite sur la photo). Le petit bâtiment cubique  près du déversoir abrite encore une turbine qui ne sert plus. L’intérieur des tours en travaux pour de longues années ne se visite pas actuellement.
Un autre moulin moins ambitieux est présent à l’autre extrémité du barrage. Au 19ème, une passerelle suspendue reliait les deux moulins.

Mais un congrès ce sont aussi des décisions statutaires de l’assemblée générale, et des séances de travail sur des sujets spécifiques :
Je ne révèlerai rien de l’assemblée, puisque Présidente et secrétaire n’ont pas encore fait leur compte-rendu officiel… (seul secret trahi : notre Président André Lacour est  réélu dans sa fonction de secrétaire de la FFAM).
Je résumerai de quelques mots un atelier animé par  Jean-Marie Pingault, sur les préoccupations que nous connaissons actuellement : menaces sur nos déversoirs, et sur le classement des rivières. Beaucoup de questions particulières ont été posées qu’il est impossible de traduire en cas général. Je rapporterai seulement sa conclusion : « Si le droit d’eau réglementaire est prouvé, si les mécanismes fonctionnent, sont utilisés et entretenus, et s’il n’y a pas de danger public, vous ne courrez pas de risque »
En ce qui concerne le classement des rivières, il doit être décrété par le Préfet, sur avis des conseillers généraux. Il nous est demandé de prendre contact avec un maximum de conseillers généraux pour faire valoir nos arguments. Mais il faut bien être conscient que pour un conseiller général, le nombre de « meuniers » qui vont venir expliquer leur cas ne représente pas un enjeu électoral significatif !
Une des suggestions émises est la suivante : un « forum » d’explication national pourrait être organisé à Paris. Ce phénomène de masse pourrait permettre d’inviter quelques politiques de haut niveau… et la présence de ces politiques connus justifierait le déplacement des journalistes. Ceci nous donnerait une tribune plus efficace pour faire valoir notre défense.
N’hésitez pas non plus à rencontrer les commissaires enquêteurs qui se déplacent pour prendre les avis des usagers/riverains/habitants : beaucoup constatent qu’ils ne voient presque personne lors de leurs permanences.
Bonne nouvelle pour la fin ? : le Congrès 2011 sera organisé par les Amis des Moulins du Jura

Quelques photos, dans l’ordre chronologique du texte…


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